ÉDITIONS MIDI-PYRÉNÉENNES MIDI-PYRÉNÉES PATRIMOINE

Cinéma d'ici… et d'ailleurs à Toulouse

24 novembre 2021 |  

Cinéma d'ici… et d'ailleurs

La Cinémathèque de Toulouse a mis en ligne Cinéma d'ici qui offre des images régionales de professionnels et d'amateurs, intégrées aux rythmes et aux équilibres internationaux. On y trouvera du convenu et du surprenant.

Du convenu car le cinéma est d'abord un spectacle national qui accélère le centralisme et le déclin culturel des régions plus sûrement que l'école et le service militaire ! L'Audois André Cayatte, ailleurs plus respectueux, en rajoute dans la folklorisation (la façon qu'a un groupe dominant d'en représenter un autre de l'extérieur au point que le dominé ne peut convoquer que l'image qu'on donne de lui) avec La Fausse Maîtresse qu'il tourne sous l'Occupation où des acteurs, tous dans des rôles secondaires, font du Roussillon une annexe provençale.

Du surprenant. Le Toulousain Joseph Mandement, adaptant pour le public français le documentaire américain de Robert Flaherty devenu Nanouk l'Esquimau, a ajouté à la version française des images (ariégeoises ?) prises à partir de 1918 pour un film pionnier sur les grottes préhistoriques. Il a ainsi fait des Inuits du nord du Québec et du début des années 1920, avec l'aval des sociétés savantes, des survivants de la préhistoire. Le même cosigne La Terre de feu avec le Tarnais Paul Castelnau (1925). Le rugby qui émerge sur la scène nationale trouve ses auteurs qui publient dans L'Auto un roman aussitôt adapté, La Grande Passion (1928). Georges Mathiot, autre Toulousain qui tenait le Palais du rideau avec sa femme près du Capitole, a profité du système des coproductions avec l'Italie, à la charnière des années 1950-1960, pour devenir producteur. On doit aux films du Donjon plusieurs fictions de long métrage dont un polar qui parodie ceux d'Eddie Constantine. À pleines mains, un haletant trafic de pesetas, est tourné à Toulouse, vers la gare et le canal, dans les anciens locaux de la Dépêche du Midi, un moulin des environs où bons et méchants risquent de se faire moudre.

À ces scoops, on peut ajouter des images qui datent du début du cinéma, l'invention et l'évolution des actualités, du documentaire, la façon dont l'État contrôle la profession et parfois les images. Tout cela vu d'ici.

Il manque à ce panorama les parties concernant les périodes les plus récentes en cours d'élaboration. On y trouvera bientôt l'opérette latine qui prend la relève d'un genre devenu désuet et s'invite sur scène et à l'écran, les œuvres des cinéastes indépendants qui furent d'abord des cinéphiles, d'autres du Tarn et d'Albi. Leurs essais sont variés, commentaire de la nouvelle vague, satire, ethnographie. À partir de 1981, la décentralisation politique fait naître des structures régionales (les ateliers Sirventès à Toulouse) qui ont formé, filmé, ouvert à d'autres lieux et sujets et tari les films militants nés peu avant 1968.

Il faudra ôter quelques coquilles dans les textes présentés, mais il y a beaucoup à voir, beaucoup à lire. Les curieux peuvent y ajouter les images de Mémoire filmique Pyrénées-Méditerranée, le livre-dvd Filmer les Pyrénées.

Sauf pour ce dernier support, on se rendra sur le site de la Cinémathèque de Toulouse à la rubrique Collections en ligne, puis Parcours thématique, puis Mémoire filmique ou Cinéma d'ici. La première fenêtre de Cinéma d'ici permet de lire l'introduction générale (Lieux du cinéma, cinéma d'un lieu), d'interroger avec des mots clés, d'accéder à chaque partie lisible en PDF (texte illustré, plan à cliquer), construite pour avoir l'intelligence des initiatives. Les images accessibles par mots clés complètent celles qui ne sont pas intégrées au PDF.

Que les lectrices et lecteurs qui ont des films ou en connaissent, pellicule de tout format ou vidéo, pensent à prendre contact avec la Cinémathèque pour déposer, faire copier sur un support fonctionnel. Films de famille ou de vacances, ces bandes débordent de leur sujet pour renseigner sur ce que l'on sait voir ou ce que l'on saisit sans le voir, le propre de l'amateur étant de monter sans couper car tout a du prix.

De l'amateur au professionnel, reconnu ou de fortune, de Lourdes au cap Horn ou à Araya (un documentaire vénézuélien produit par le buraliste toulousain Georges Baylac), de Pau à Carcassonne, des Pyrénées à Rodez, de la préhistoire à aujourd'hui ou presque, on voyage. Beaucoup en train (solidaire, comme le tourisme, des premières images animées), en voiture, en bateau, en avion. Et en clics obstinés.  

Claudette Peyrusse

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