ÉDITIONS MIDI-PYRÉNÉENNES MIDI-PYRÉNÉES PATRIMOINE

Enseigner la Grande Guerre

25,00

Date de sortie : 1er octobre 2018
Auteurs : Rémy Cazals, Caroline Barrera (dir.)
Ouvrage labellisé par la Mission du centenaire et ayant reçu le concours du syndicat mixte de l’abbaye-école de Sorèze, du laboratoire Framespa (UMR 5136, université Toulouse-Jean Jaurès, CNRS) et l’institut national universitaire Jean-François Champollion
Code ISBN : 979-10-93498-29-4
22,5 x 28,5
144 pages

Qté

Dans cet ouvrage, les meilleurs spécialistes nous éclairent sur la façon dont est enseignée la guerre de 1914-1918, en France mais aussi en Allemagne, en Italie, en Irlande, et avec le cas si particulier de l'Alsace. Ils s'interrogent sur les grilles successives d'interprétation qui sont proposées aux élèves. La confrontation des scénarios didactiques montre combien ils dépendent des situations nationales et des traumatismes spécifiques à chaque pays, des enjeux présents ou supposés futurs de chaque nation.Source essentielle pour tracer les évolutions des enseignements depuis 100 ans, l'étude des manuels scolaires fait ici l'objet d'une attention particulière.Mais entre les programmes officiels, les manuels et la réalité d'une classe, il y a encore tout un monde. Une large place est donc faite aux expériences de terrain, variables selon les niveaux, car on n'enseigne pas la Grande Guerre de la même façon à des enfants, à des adolescents et à des étudiants. C'est tout l'art de l'enseignant que de s'adapter à son public, en tenant compte des progrès de l'historiographie. Cet ouvrage, qui paraît à la fin des commémorations du centenaire, dresse aussi un bilan des actions engagées depuis quatre ans. Positionnement de la Mission du centenaire, rôle de l'école, des enseignants, des élèves sont ici interrogés. A-t-il été possible, lors de ce temps fort commémoratif, de garder le cap ardu du « devoir d'histoire », tant à l'échelle nationale qu'à celle des territoires, de proposer autre chose aux élèves que d'assister passivement à des cérémonies d'hommages organisées par d'autres ?

6 INTRODUCTION GÉNÉRALE, par Caroline Barrera et Rémy Cazals

8 Aux origines de la guerre courte (1870-1914) : plaidoyer pour un enseignement du fait militaire, par Benoist Couliou

16 À TRAVERS L'EUROPE

18 Les répercussions actuelles de l'enseignement de la Première Guerre mondiale en Allemagne de 1900 à 1945, par Rainer Bendick

26 Aux sources de la « nation italienne » ? Enseigner la Grande Guerre dans l'Italie fasciste, par Stéphanie Prezioso

32 La Première Guerre mondiale dans les deux Irlande : des perspectives et récits historiques toujours divergents ? par Karin Fischer

40 L'enseignement de la Grande Guerre en Alsace (1914-2018), par Raphaël Georges

48 MANUELS

50 Les versions successives du Malet-Isaac, par Rémy Cazals

58 Les trois âges du petit Lavisse. De la Grande Guerre à la Grande Paix ? 1876-1939, par Olivier Loubes

64 Enseigner les batailles de la Grande Guerre. Quelques remarques, par Nicolas Offenstadt

68 La Chanson de Craonne au collège et au lycée, par Guy Marival

74 EXPÉRIENCES, DU CM2 À L'UNIVERSITÉ

76 Mettre la Grande Guerre à portée des élèves de CM2, par François Bouloc

82 Aborder la Grande Guerre dans un collège en Réseau de réussite scolaire, par Thierry Hardier

92 La Grande Guerre en trois heures ? Réflexion sur les programmes des lycées et collèges, par Yohann Chanoir

98 Mémoires de recherche à l'université, par Rémy Cazals

106 LE CENTENAIRE

108 Le centenaire à l'école comme nouveau paradigme commémoratif ? par Alexandre Lafon

116 Enseigner la Première Guerre mondiale. Enjeux et pratiques, par François Icher

120 Le centenaire dans l'académie de Toulouse, un premier bilan, par Cédric Marty

128 Quels bénéfices du centenaire 14-18 pour l'école et la communauté enseignante ? par Joseph Zimet

136 La bande dessinée. Entre histoire, mémoire et propagande, par Jean-Yves Le Naour

142 CONCLUSIONS

Cahiers pédagogiques, 5 février 2019, Yannick Mével : « On n'en a pas fini avec la Grande Guerre ! Voilà un beau livre, tant sur la forme (de très belles illustrations qui sortent souvent des sentiers battus de l'imagerie scolaire de la Grande Guerre) que sur le contenu qui, en 18 articles offre un éventail d'analyses et de propositions que les lecteurs attentifs des Cahiers Pédagogiques trouveront très complémentaires de celles que nous avions proposées dans un hors-série numérique en 2014.

Les premières contributions offrent un panorama original de l'enseignement de la grande guerre « ailleurs » : dans l'Allemagne de l'entre-deux-guerres, dans l'Italie fasciste, en Irlande, en Alsace. Un second ensemble recentré sur le cas français, envisage de façon critique la façon dont des manuels scolaires (et non des moindres : Mallet-Isaac, Lavisse) ont abordé le thème jusqu'à une solide déconstruction des approches ordinaires de la fameuse « Chanson de Craonne ». Un troisième ensemble de 4 articles propose quelques expériences « du CM2 à l'université » : on en aurait voulu davantage ! La dernière partie est centrée sur le Centenaire, les textes abordent la complexe question des mémoires et des commémorations à l'école notamment dans le cadre de la mission du centenaire dont l'évocation permet à nouveau de présenter quelques initiatives d'enseignants et d'établissement, dont beaucoup sont interdisciplinaires et rappellent tout l'intérêt des EPI et autres TPE…

Mais cet ouvrage collectif est bien autre chose qu'un simple inventaire de possibles et un recueil de travaux variés, autre chose qu'une célébration éditoriale d'un centenaire qui n'en a pas manqué. D'entrée, l'ensemble se veut quelque peu provocateur puisqu'il s'ouvre sur un texte intitulé : « aux origines de la guerre courte (1870-1914) plaidoyer pour un enseignement du fait militaire ». Reviendrait-on à l'Histoire-bataille ? à l'énumération exaltante des gloires de nos armées ? Évidemment non. En envisageant l'étude du « fait militaire » comme on appréhende celle du « fait religieux », l'auteur, Benoist Couliou, propose une approche de l'histoire diplomatique et politique qui donnerait presque envie d'aborder ce thème dans le nouveau programme d'histoire de première avec un enthousiasme renouvelé. Le ton est donné, ici pas d'exclusive à l'histoire des expériences de guerre, encore moins à une « culture de guerre » omniprésente dans les précédents programmes de l'école, du collège et du lycée.

C'est que ce livre participe, à sa façon, d'une autre bataille, historiographique celle-là, qu'évoquent rapidement Rémy Cazalls et Caroline Barrera dans la conclusion. Il s'agit d'une controverse sur les concepts interprétatifs qui ont, un temps, dominé l'édition sur le sujet, « culture de guerre » (au singulier) ou « brutalisation des sociétés », portés par l'énergie d'un groupe d'historiens associés au mémorial de Péronne. On peut alors lire les actes de ce colloque comme un manifeste pour une histoire plurielle de la grande guerre, politique, sociale, diplomatique, culturelle aussi (au sens notamment d'une formule de Pierre Laborie reprise ici par François Icher « cet enseignement s'intéresse aussi à ce qui est arrivé à ce qui est arrivé »), une histoire, finalement, qui redonne aux acteurs toute leur part sans les réduire ni au rôle de victimes ni à celui d'agents (fussent-ils consentants) d'une propagande et d'une violence généralisée. Les historiens de « l'école de Péronne » n'étaient pas de ce colloque et leur point de vue n'y est donc présenté qu'en creux. On aurait apprécié que la controverse s'ouvre un peu au débat, mais le temps n'en est pas encore totalement venu.

Et après tout, c'est de bonne guerre… »

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