Dans la nuit du 22 floréal an III (11 mai 1795), trois Jacobins nîmois, dont l'ex-maire de l'an II, Jean-Antoine Courbis, sont massacrés dans le fort Vauban par des dizaines d'individus masqués. Ce règlement de comptes sanglant parachève cinq années d'intenses conflits politiques sur fond de vives tensions socio-économiques et de résurgences de guerres de Religion exacerbées par la Révolution française. Rapidement éclipsé par la « bagarre de Nîmes » de 1790 ou par les violences de la « Terreur blanche » de 1815, cet épisode a fait couler plus de sang que d'encre, jusqu'à ce qu'il soit interprété, au tournant du xixe siècle, comme la « juste punition » du « tyran Courbis », flétri par une légende noire tenace.
Agrégé et docteur en histoire moderne, Nicolas Soulas est chercheur associé au LARHRA. Ses travaux portent sur l'histoire sociale, culturelle et politique de la seconde modernité et de la Révolution française. Après Révolutionner les cultures politiques. L'exemple de la vallée du Rhône, 1750-1820 (Éditions universitaires d'Avignon, 2020), il a dirigé le volume collectif Familles en (contre-)Révolution, (contre-)Révolution en famille ? (Société des études robespierristes, 2025) et publié Familles et individus à l'épreuve. Les Payan, de la révocation de l'édit de Nantes à l'âge des révolutions (PUR, 2025).