Guino, les mains de Renoir
Musée Hyacinthe-Rigaud, 21, rue Mailly, Perpignan, Pyrénées-Orientales | Exposition
Le musée Hyacinthe-Rigaud traite d'un problème essentiel dans l'histoire de l'art contemporain : dans une œuvre, quelle est la part de l'invention et celle de l'exécution ? Avant le romantisme, qui a mis en avant la puissance créatrice du génie solitaire, l'art occidental se pratiquait en ateliers sous l'autorité d'un maître responsable de la conception, organisateur de sa diffusion, une bonne copie étant appréciée presque autant qu'un original autographe.
Auguste Renoir (1841-1919) n'a pratiqué la sculpture que dans les dernières années de sa vie, autour de 1913-1917. Son marchand, Ambroise Vollard, dont la légende veut qu'il laissât dormir son fonds, était en pratique un marchand roué. Renoir, dont les mains arthritiques étaient quasi paralysées, se vit proposer comme collaborateur Richard Guino (1890-1973), un jeune sculpteur catalan formé à Gérone, à l'académie Ranson, et surtout dans l'atelier de Maillol. Le peintre donnait au sculpteur une œuvre plane à traduire en trois dimensions. Ces sculptures pouvaient être fondues en bronze ou réalisées en mortier peint, comme le buste de Mme Renoir en 1916 et la craquante Maternité. La sculpture peinte n'était pas un tabou au XIXe siècle, mais un champ d'expérimentation (exploré par deux expositions récentes au Van Gogh Museum et au musée d'Orsay). Richard Guino sut se faire reconnaître (sur le tard et non sans mal) comme coauteurdes sculptures. Il mena par la suite une carrière prolifique entre beaux-arts et art décoratif, travaillant toutes sortes de matériaux, verre, céramique, bois, papier… Les 200 œuvres réunies dans l'exposition permettent de mieux cerner la collaboration avec Renoir et son influence sur la suite de l'aventure.