ÉDITIONS MIDI-PYRÉNÉENNES MIDI-PYRÉNÉES PATRIMOINE

Du 25 janvier 2020 au 26 avril 2020

Jean Ranc peintre des princes

Musée Fabre, 39, boulevard Bonne-Nouvelle, Montpellier, Hérault |  

Jean Ranc avait gardé un nom dans l'histoire de l'art pour deux raisons. Ce serait de son atelier, par la négligence d'un serviteur, que serait parti l'incendie qui ravagea complètement le palais royal de l'Alcazar de Madrid, la nuit de Noël 1734. Tout fut détruit, dont les fabuleuses collections des Habsbourg et les décors de Ranc dans les appartements royaux. Ondispute ensuite pour savoir si Vertumne et Pomone, une toile représentant un couple amoureux où la lumière trop violente est tamisée par une ombrelle, a été ou non à la source d'un délicieux carton de tapisserie de Goya, LeParasol. Pour le reste, l'artiste était renvoyé au statut de suiveur de Rigaud.

L'exposition du musée Fabre offre la première rétrospective de Ranc (1674-1735). On le suit de sa formation montpelliéraine dans l'atelier de son père à l'apogée de sa carrière internationale à la cour d'Espagne et à Lisbonne. Passé par l'atelier de Rigaud, dont il épousera la nièce, académicien à 29 ans, il se spécialise dans le portrait, sans renoncer à la peinture d'histoire. Mais on a perdu les toiles religieuses. Excellent spécialiste du portrait d'apparat, il est envoyé chez Philippe V où il introduit le goût de Versailles et se retrouve, par le biais des effigies des jeunes princes, au cœur des stratégies matrimoniales européennes.

On retrouvera les éléments fascinants du portrait de cour, en grande partie fixés par Hyacinthe Rigaud pour Louis XIV, des codes savants qui allient le réalisme des visages, l'ampleur et l'élégance des costumes, une artificialité calculée à un goût de l'enfance assez nouveau. Que l'on regarde le jeune Ferdinand VI vers 1723 : l'attitude est celle d'un danseur, le chien est héraldique, l'habit d'une somptuosité inégalée. L'image n'est pas seulement élégante et raffinée ; c'est un poème de la couleur d'une admirable subtilité.

« Jean Ranc, un Montpelliérain à la cour des grands », jusqu'au 26 avril, musée Fabre, 39, boulevard Bonne-Nouvelle, Montpellier, Hérault.