Du 7 octobre 2022 au 5 mars 2023

Les Abattoirs se lancent dans la réhabilitation de l'œuvre, dite tardive, de Niki de Saint Phalle (1930-2002). La première partie de la vie de l'artiste, née dans une grande famille aristocratique franco-américaine, est
marquée par une rare violence: tableaux- performances réalisés par des tirs à la carabine qui font éclater des petits sacs de peinture, « Mariées », « Nanas » monumentales et pénétrables… Faut-il y voir une réaction contre l'inceste paternel dont elle fut victime à 11 ans ? Seule femme du groupe des nouveaux réalistes, Niki s'impose avec force. La seconde partie de l'œuvre, qui couvre les décennies 1980 et 1990, paraît placée sous le signe de la plénitude. Après avoir découvert le palais du facteur Cheval et le parc Güell de Gaudí, l'artiste se lance dans le grand projet d'un jardin de sculptures monumentales sur le thème des tarots, à Capalbio, en Toscane : un ensemble fantasque, un lieu de vie, certaines sculptures pouvant être habitées. Mais elle ne délaisse pas les fontaines à mouvement (avec Jean Tinguely), les Nanas décoratives avec matériaux précieux, les objets, le design, les bijoux, le mobilier jusqu'au parfum (dont les bénéfices nancent les chantiers coûteux). Pour autant, son art est toujours aussi engagé : féminisme, cause noire aux USA, lutte contre le Sida, combat pour le climat. La nef des Abattoirs accueille les grandes sculptures ; les salles sont dévolues à tel ou tel aspect du travail : l'air (l'artiste avait perdu ses poumons en utilisant des solvants), l'écriture de soi, les arts du décor… Depuis 2012 et la rétrospective du Grand Palais, aucune exposition d'ampleur n'a eu lieu, et le regard porté sur ces années fertiles, 1980-2000, révèle une autre artiste.