51. Grands maîtres romans

Le génie à l'oeuvre

Notre région est particulièrement riche en créations essentielles de l'art roman. Pour le caractériser, Malraux a des mots superbes : «Nous appelons époque romane le temps où la vie chrétienne s'ordonne en civilisation, et où l'union de l'architecture avec la sculpture, la peinture et les arts qui vont devenir mineurs, prend l'éclat des passages privilégiés de l'homme. Alors paraît en sculpture la continuité du génie que retrouveront la Renaissance italienne, la musique allemande, la peinture française ; non pas une école  […], mais l'épopée qui commence avec Moissac et la prise de Jérusalem, et dont la mort de Saint Louis annonce la fin. Non pas le pittoresque d'un bestiaire oriental, mais le premier grand style chrétien.  »

Au lieu de partir des grands ensembles monumentaux (au hasard, Conques, Saint-Sernin de Toulouse, Saint-Gilles-du-Gard…), nous avons choisi de regarder des artistes créateurs. Les maîtres architectes étant bien trop difficiles à appréhender, nous avons élu surtout les sculpteurs.On n'en connaît que très peu par leur signature : Bernard Gilduin et Gilabertus à Toulouse, Mathieu à Compostelle, Gilbert à Autun, Wiligelmo et alii en Italie du Nord. Les « maîtres » dont nous étudions l'invention sont des individualités révélées par une histoire de l'art patiente, attentive à la constitution de corpus. Tels quels, ces maîtres des XIe  et XIIe  siècles témoignent de la fabuleuse diversité des créations. Et de leur puissance d'évocation. 

Et, comme à l'époque la sculpture était peinte, on a ajouté un exemple pour les arts de la couleur, un grand peintre, bien identifié sur le versant catalan des Pyrénées, qui s'est mesuré aux murs de la cathédrale de Saint-Lizier. Nous restons dans la continuité du génie.

Bernard Seiden