Pleins feux sur les collections. Peinture et poésie. Les peintres vus par les poètes. De Courbet, Marquet, Dufy… à Desnoyer, Combas, Di Rosa, Viallat…
58,00€
Auteurs : Maïthé Vallès-Bled, Stéphane Tarroux
Coédition : Musée Paul-Valéry, Editions midi-pyrénéennes
Date de parution : 29 juin 2018
Nombre de pages : 544
Format : 24 x 29 cm (à la française)
Couverture : reliée
ISBN 979-10-93498-28-7
Une expérience singulière : 235 tableaux parmi les plus beaux et les plus importants du musée Paul-Valéry de Sète ; en regard 235 poèmes inédits venus du monde entier, une façon d'appréhender l'œuvre et la faire résonner. Pour Baudelaire, les poètes deviennent naturellement, fatalement critiques. Ils ne sont ici ni historiens ni critiques d'art. Le poème n'est pas un savoir ou un commentaire mais une œuvre d'art, une manière de voir le tableau autrement que par les clefs habituelles.
Poésie et peinture avaient partie liée à l'âge classique : des images pour les yeux. Grâce aux 235 poètes qui ont répondu à la commande, le recueil a tout de l'inattendu, d'Adonis à James Sacré, de Jean-Luc Parant à Salah Stétié. Un corpus important de peintures duXVIIesiècle à nos jours où l'on trouve des toiles surprenantes rarement montrées, beaucoup d'œuvres à thèmes sétois. Avec les indispensables données historiques. Avec une clef originale : la poésie.
Mot de l’éditeur
Peinture et poésie. Réunir, dans le cata- logue anthologique des peintures du musée qui porte le nom de Paul Valéry, l'œuvre de l'artiste et le regard du poète ne peut que pro- poser une perception autre de chacune des œuvres et établir par là-même un lien fort entre les deux identités dont, depuis le lendemain de la Deuxième Guerre, relèvent les collections : les beaux-arts et la poésie. C'est en effet en 1948 et 1949 que Jeannie Valéry, la veuve du poète disparu le 20 juillet 1945, dote le musée de Sète de deux donations majeures, consti-tutives du fonds valéryen spéci que composéd'arts graphiques, de manuscrits, de docu- ments d'archives et d'ouvrages de bibliophilie, qui motivera le nouveau nom donné au musée. C'est ensuite très récemment, en 2017, que le poète franco-libanais Salah Stétié effectue à son tour une importante donation, mêlant arts plastiques, manuscrits et livres d'artistes. La salle du musée qui désormais porte son nom établit ainsi, à travers la voix de deux illustres poètes, une passerelle forte et symbolique entre les deux rives de la Méditerranée.
Outre les textes historiques, scienti ques et tech-niques qui développent la présentation des col-lections, les 235 peintures gurant dans ce cata- logue sont accompagnées d'autant de poèmes inédits, écrits pour la circonstance par autant de poètes de nombreux pays. Le principe qui a pré- sidé à ce projet a en effet reposé sur deux axes majeurs : proposer chaque œuvre à un poète différent, réunir des voix multiples de la poésie contemporaine originaires de diverses cultures.
Dans chacun des cas, le poème est issu de l'œuvre, généré par elle. Il propose en ce sens des champs multiples de perception ouvrant très largement sur celle que peut en avoir celui qui la regarde. Car une œuvre d'art vit avant tout par le regard qui est porté sur elle. Et le poème invite ici le regard à s'arrêter, à prendre le temps de s'arrêter, de recevoir l'œuvre, de l'interroger, de laisser s'exprimer en soi ce qu'elle transmet.
À l'occasion de la publication de ce catalogue, une exposition s'imposait pour permettre au public l'accès à l'ensemble des œuvres qu'il réunit et qui ne peuvent être toutes présentées de manière permanente. Pour la première fois dans son histoire, le musée accueillera dans la totalité de ses salles sur ses trois niveaux, à l'exception de celles consacrées à Paul Valéry et à Salah Stétié, les collections des peintures. Une telle présentation permet de découvrir des œuvres qui n'ont pas été présentées au public depuis plusieurs décennies, d'en redé- couvrir d'autres restaurées au cours des huit dernières années, d'avoir une appréhension globale de l'identité de ce fonds dont la part la plus ancienne demeure encore largement méconnue. Elle permet également autant de cerner l'historique de la constitution de la collection que d'en découvrir les acquisitions les plus récentes.
Ouvert à la n du XIXe siècle, en 1891, le Musée Paul Valéry est somme toute un musée jeune, créé dans une ville qui elle-même n'avait alors que deux siècles, puisque Sète fut créée par décision royale en 1666. Portant le nom de Musée de Sète, Il fut installé dans un premier temps au centre de la ville, dans le pavillon central de l'ancien collège Victor Hugo. Le peintre Toussaint Roussy, illustré par un ensemble d'œuvres dans les collections, fut nommé conservateur (il devait le rester jusqu'en 1907) et procéda avec la commis- sion des Beaux-arts désignée à cet effet à la constitution des collections. En dehors des en- vois de l'État et des donations des collectionneurs, il était peu aisé de réunir des œuvres anciennes ; la politique d'acquisition s'orienta donc vers les œuvres de l'art alors actuel, c'est- à-dire de la période moderne, qui constituent aujourd'hui la part principale des collections.
Il fallut attendre les années qui suivirent la Deuxième Guerre mondiale pour que le musée connaisse un véritable essor, dû principa- lement à son conservateur de l'époque, le peintre Gabriel Couderc, qui en devint direc- teur en 1946 et le resta jusqu'à son départ à la retraite en 1976. Ce fut lui qui sut accueillir lesdons successifs de Jeannie Valéry et t rénoverà cette occasion la présentation muséogra- phique, qui sut enrichir très sensiblement lescollections, ce fut également lui qui t adopterpar la Ville de Sète en 19641 le principe de la construction d'un nouveau musée.
Il n'existe pas de décision municipale ou d'échanges de courriers permettant de dater avec précision le moment où le musée prit le nom de Paul Valéry. Avant 1964, il est dési- gné « musée municipal » ou bien « musée de Sète », aussi bien dans les courriers de Gabriel Couderc que dans les articles de presse. Une seule mention, dans un écrit préparatoire à un article2 de Couderc, donne au musée tout entier le nom attribué à la salle inaugurée le 31 mai 1949 en l'honneur de Paul Valéry et présentant le don consenti par sa veuve. Il semble donc que le nom « musée Paul Valéry » ait commencé à s'imposer parmi les visiteurs indépendamment de toute décisionof cielle.
Ainsi, dans le projet du futur musée, la dénomi- nation « musée Paul Valéry » permettait-elle de consacrer un usage et de se référer au fondsValéry auquel le musée s'identi ait jusqu'alors.
Le nouveau musée, dont l'architecture conçue par l'architecte Guy Guillaume s'inscrit dans la logique des bâtiments du Corbusier, futconstruit sur le anc du mont Saint Clair, surune terrasse dominant le Cimetière marin et la Méditerranée. La famille Valéry fut associée aux grandes étapes du projet, depuis la pose de la première pierre le 16 septembre 1967 jusqu'à l'inauguration le 26 novembre 1970.
Après avoir connu récemment une complète restructuration muséographique, le Musée Paul Valéry a rouvert ses portes en juin 2010, proposant une nouvelle scénographie. Les tra- vaux, qui ont notamment vu le déplacement des salles occupées par l'administration, ont permis la conquête de nouveaux espaces dé- volus à la présentation des collections selon un parcours à la fois chronologique et thématique.
Poursuivant la dynamique de la politique d'acquisition impulsée par Gabriel Couderc, le musée compte aujourd'hui une collection de quelque 850 peintures. Si elle comprend un ensemble assez restreint d'œuvres des XVIIe et XVIIIe siècles, elle illustre beaucoup plus largement le XIXe siècle, notamment académisme, orientalisme, réalisme, scènes de la vie quotidiennes, représentation de la ville de Sète… Le XXe est quant à lui représenté à travers les peintres de la modernité et les différents mouvements qui ont marqué la création contemporaine sétoise depuis la DeuxièmeGuerre : groupe Montpellier-Sète, figuration libre. L'art actuel est également présent, accordant de la même manière une place à la dynamique d'une création sétoise constituant une des identités de la ville, forcément liée à son histoire et à l'intérêt que ne cessèrent de lui porter les peintres.
Après Joseph Vernet qui, au XVIIIe siècle, vint peindre le port de Sète sur une commande de Louis XV (Vue du port de Cette, 1756-57, conservée au musée de la Marine), les artistes furent en effet nombreux au siècle suivant à représenter la ville, son port, ses canaux, qu'ils viennent d'ailleurs, comme Julius Hintz ou Robert Mols, ou de Sète et de la région. Un intérêt que le XXe siècle non seulement nereniera pas mais qu'il ampli era au contraire,inscrivant la ville dans l'histoire de la création contemporaine.
Introduction du catalogue par Maïthé Vallès-Bled